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résistants à Neufchâtel
© 2019

Tombé aux mains des allemands le 22 mai 1940, dès le lendemains les troupes d'occupation s' installèrent à Neufchâtel-Hardelot et dès lors la vie quotidienne des habitants y changea du tout au tout d'autant qu'en avril 1941 la commune allait faire partie de la zone côtière interdite qui s'étend alors sur tout le littoral français en vue de la construction du « mur de l'Atlantique ».

Dans ce contexte très difficile des femmes et des hommes ont pourtant montré un courage hors du commun en résistant à l'occupant.

Notre association se devait de leur rendre hommage et a ainsi entrepris un travail de recherche pour mettre au jour ceux qui ont oeuvré dans l'ombre.

Il n'y a pas de petits faits de résistance. Les plus insignifiants portent aussi en eux la grandeur d'âme de ceux qui en ont pratiqué de plus grands.

Madame F Cocquart

Rendons ainsi d'abord hommage à Mme F. Cocquart, sage femme à Neufchâtel qui durant toute la guerre ira fleurir les tombes des soldats français tués le 22 mai 1940, sous l'oeil réprobateur des allemands


Paul Lesaunier

Il nous faut aussi parler de Paul Lesaunier et de ses camarades qui à l'aube de leur 20 ans mettent leur jeunesse et leur enthousiasme au service de la France. A Neufchâtel, ils sont une douzaine. Ils font partie du grand réseau de résistance OCM ( Organisation civile et militaire). Ils sont bien placés, à Neufchâtel, pour recueillir des informations sur les défenses allemandes et saboter ce qu'ils peuvent ici ou là, pour gêner les allemands  comme les lignes téléphoniques et électriques en évitant les représailles dans la population.

Le 10 août 1944, les douze sont arrêtés sur dénonciation. Paul Le saunier et ses camarades sont enfermés dans un blockhaus qui sert aux allemands de central téléphonique, situé sur la route principale et qui existe toujours quasiment en face de la mairie.

Là, ils vont subir un interrogatoire que Paul Lesaunier qualifiera lui-même de  "musclé"



Le 15 août 1944, ils sont emmené à la prison de Loos d'où ils partent le 1er septembre par l'un des derniers trains d'horreur pour l'Allemagne, la déportation, les camps.

Des 12 de Neufchâtel,Paul Le Saunier sera le seul à revenir vivant. Après 8 mois de captivité il est libéré par les anglais le 29 avril 1944, rentre chez lui le 29 mai suivant. Il pèse 35 kilos !

Paul Lesaunier avait tenu à faire partie de notre association dès sa création.C'est lui qui nous incita à nous intéresser aux hommes plus encore qu'aux ferrailles et tonnes de béton des blockhaus. Il nous a quitté le 2 août 1974. Nous conservons précieusement sa mémoire.


Georges Charles



Georges Charles est né à Lille, marié à Boulogne sur mer, père de 2 enfants. Il a été exempté de service militaire pour raison de santé, suite à un accident lui ayant causé une infirmité et en ces années 39-40 il exerce la profession d'électricien, propriétaire d'un magasin de vente et réparation de TSF au 99 rue Félix Adam à Boulogne sur mer, mais il habite à Neufchâtel, 40 rue des Allées (aujourd'hui n° 5).

Il apparaît comme un citoyen ordinaire, sans histoire, bon père de famille, artiste peintre à ses heures perdues, et aussi président de l'Union Sportive Boulonnaise ( notre USBCO d'aujourd'hui). Il fréquente les tribunes des terrains de foot-ball.


La famille Charles, devant sa maison à Neufchâtel


Le jour même de la déclaration de guerre, le 3 septembre 1939, il fête en famille son 37ème anniversaire.


Georges Charles en famille. « Un citoyen ordinaire »


Dès le lendemain, il s'engage dans la défense passive et un mois après se présente comme volontaire au service de l'armée. Eu égard à son infirmité, il servira en tant que responsable d'une station météo mobile destinée à informer l'armée de l'air. Dans la débâcle, il sauve sa station en la conduisant à Marseille puis de l'autre coté de la mer à Casablanca où il est cité à l'ordre du jour et décoré « pour avoir permis à la station météo de rejoindre l'AFN (l'Afrique du Nord Française).

Démobilisé à Rabat en août 1940, il revient à Boulogne sur mer, en uniforme, par ses propres moyens, arrêté une bonne douzaine de fois entre Port Vendres et Boulogne mais toujours relâché car il est en règle vis à vis des autorités militaires tant allemandes que françaises.

Le magasin « Charles » à Boulogne sur mer


Il reprend alors son activité d'honnête commerçant, négociant et réparateur de postes de TSF dont il se servira comme couverture pour ses déplacements car il entre officiellement en résistance début 1941 et œuvre alors comme agent de renseignements au sein du réseau d'évasion PAT O Leary du nom de son chef, pseudonyme du médecin colonel belge Albert Guérisse.

Ce sera le plus grand réseau d'évasion de la résistance française. Georges Charles est

chargé de rapatrier les militaires britanniques restés en France ainsi que les aviateurs alliés abattus au cours des raids aériens. Le siège du réseau est à Marseille. Les liaisons avec Londres se font via Barcelone.

C'est ainsi que Georges Charles et sa femme cacheront chez eux, à Boulogne puis Neufchâtel où ils viennent habiter au 40 de la rue des allées, et chez leurs voisins (la boucherie Lemaire) des aviateurs anglais que Charles convoiera jusqu'à Vierzon, chez le docteur Cliquet, dont le Cher marquant la ligne de démarcation passe au fond de son jardin.



A partir d'avril 1942, il se consacre davantage au renseignement au sein d'un autre réseau qui prendra le nom de réseau Alliance. Il prend le pseudonyme de « Marsouin ».

Il effectue alors des missions en zone rouge, en zone occupée et même en Afrique du Nord.

Sur place, ici à Neufchâtel-Hardelot il utilise ses talents de peintre pour aller à la demande des allemands décorer les mess et blockhaus de la côte boulonnaise. Il en profite pour faire des relevés et engranger nombre de renseignements concernant le dispositif de défense allemand. Par ailleurs, son activité d'électricien et de technicien radio lui permette aussi de travailler pour les allemands notamment pour l'installation des réseaux de communication des blockhaus entre eux. C'est ainsi qu'il peut fournir aux services secrets anglais avec lesquels il est en relation des renseignements sur les maisons transformées en blockhaus à Wimereux.

Il réussit même à prendre des photographies qu'il envoie à Londres.


Sur dénonciation il est arrêté par la Gestapo lors d'une réunion de responsable de réseaux à Lille le 4 décembre 1943 dans la soirée, porteur de plans et de photos de V1 et de V2.

Il est interné à la prison de Loos les Lille, condamné par le tribunal militaire allemand pour espionnage et aide aux puissances alliées et fusillé le 16 janvier 1944 au fort de Bondue.


Inhumé dans la cour intérieure du fort, il sera exhumé le 5 octobre 1944, la libération de Lille ayant eut lieu 1 mois plus tôt. Son corps sera tout d'abord ramené à Neufchâtel où un service civil puis religieux lui fut rendu. Les enfants des écoles avaient été rassemblés dans la cour de l'école pour lui rendre hommage.Chacun avait en main une fleur, bleuet, marguerite ou coquelicot qui formait ainsi un émouvant drapeau tricolore. Georges Charles fut ensuite inhumé dans le caveau familial au cimetière de l'Est Boulogne sur mer.


Retraçant en quelques mots trop succincts le parcours de Georges Charles, nous n'oublierons pas que sa femme, son frère , son beau frère, sa belle sœur, son cousin, tous faisaient partie de la résistance française.


Dans un petit carnet que l'on retrouvera sur lui Georges Charles avait écrit :

« Si je ne dois pas rentrer, cela est écrit dans notre destinée. Il n'y a rien à faire pour le changer.
« J'aurais fait mon devoir de français, sans hésiter. Je prierais donc la personne qui trouvera le « présent carnet de le faire parvenir à ma famille. Ma femme chérie et nos deux enfants adorés « sauront en tout cas que mes dernières pensées ont été pour eux. »

A titre posthume, Georges Charles a été décoré de

- la médaille militaire

- la croix de guerre avec palme

- la médaille de la résistance

- la George Cross britannique ( destinée à récompenser les actes de courage et de bravoure des civils)

- la King's medal for courage destinée aux agents de renseignements et membres des filières d'évasion.


Le Maréchal Montgomery, le président Eisenhower enverrons à la famille de Georges Charles des lettres de remerciement et attestations signées de leurs mains pour ses actes de résistance.




Voilà pourquoi nous voulons rendre hommage à notre tour à Georges Charles citoyens résistant de Neufchâtel et que l'association, le 8 mai 2018 a dévoilé une plaque que nous avons voulu placer au plus près de la maison qu'il habitait alors et où il cachait les aviateurs alliés. Sa maison a malheureusement disparue. La mémoire de son courage restera à jamais.


A l'initiative de l'association : Pose d'une plaque commémorative  le 8 mai 2018 à l'ancien cimetière de Neufchâtel autour de l'église

discours prononcé le 8 mai 2019 à l'occasion des cérémonies de la capitulation allemande:

"Le 8 mai 1945 marque la fin de la seconde guerre mondiale en Europe avec la capitulation sans condition de l'Allemagne nazie. Cette Allemagne guerrière et sanglante qui a fait tant de ravages jusque ici chez nous, dans les foyers de nos parents et amis. Contre elle, Georges Charles s'était levé, avec d'autres, sans prétention plus démesurée que celle de continuer à vivre dans la liberté d'agir et de penser. Georges Charles, un résistant du quotidien d'abord, cachant sous ses activités journalières d'électricien et de commerçant d'appreils de radio à Boulogne un vrai travail de colllecte de renseignements à destination des alliés dans ce secteur de France totalement contrôlé par les forces d'occupation. Un résistant de réseau aussi pour organiser notammment le rapatriement d'aviateurs récupérés, cachés puis acheminés en zone libre.

Georges Charles habitait Neufchâtel, ici dans cette rue, et ses voisins ignoraient tout de sa double vie, celle d'un père de famille bien tranquille et sans histoires, celle d'un résistant de la première heure, entreprenant, téméraire, courageux.

Pourtant, aucune guerre n'était belle, c'est bien à la suite d'une dénonciation que les allemands surent où et quand mettre la main sur Georges Charles. Dès lors, le sort était jeté, son destin écrit. Emprisonné, interrogé, fusilllé comme des centaines d'autres hommes et femmes coupablles de s'être élevés conttre l'Allemagne nazie quand la majorité attendait, dans la crainte certes, mmais attendait que les choses se passent...

Georges Charles, nous ne t'oublions pas!"

Bernard Seitz - membre de Opale Bunker History.